mardi 31 mai 2016

Port ETIENNE Base d 'Hydravions




















LA mauritanie il fut pourtant une époque où une partie de cette France ignorante en géographie vibrait pour les héros qui survolaient ces horizons déserts des côtes d Afrique défiant un univers de sable brûlé pour délivrer un courrier alourdi de timbres postes au temps de l' aéropostale Les pilotes naufragés se faisaient alors rançonner 
Quelques hommes courageux négociaient leur rachat parmi eux Saint Exupery Couvrir la lointaine mauritanie va être pour moi l occasion d une réconciliation avec mon adolescence

Le phare Coppoloni et le cap Cansado sont en vue ,un appel de la tour de contrôle , un tour de piste et nous nous posons par fort vent de sable sur le plan d eau agité de Port Etienne   Un groupe de boscos de la marine nationale nous fait signe ! une vedette rapide accoste et  nous conduit  a l 'unique appontement de bois secoué par le ressac ,planté au bord d une longue gréve blanche où des barques et de vieux chalutiers achévent de mourir


BASE MARINE A PORT ETIENNE



Sur trois kilométres de dunes basses s 'échelonnent quelques petites maisons en forme de demi sphères , certaines entourées de barbelés et de vieux bidons Pas un arbuste ,pas une herbe.... nous avons l impression de faire un bond en arrière de vingt siécles et de retourner aux temps bibliques

Le plus surprenant dans cette arrivée par les airs est le spectacle de la baie  sur toute l étendue de la côte  une main géante semble avoir semer des silhouettes sombres e    Des navires de toutes sortes de pêche , de transport que les dunes noient sous des coulées de sable blanc Port etienne notre futur port d attache nous offre dés notre arriveele spectacle hallucinant de ce désertqui dévore tout jusqu aux navires venus mourir à ses portes Port etienne le puits des chacals bien qu il  ne possède aucun point d' eau est dans les années 50 le port le plus important de Mauritanie   mais quel port! nous apercevons a perte de vue un sol blanc et poudreux  bosselé de monticules hérissés de roches glaiseuses ciselées   par le vent en découpes étranges et qui   n ést en fait  que du sable durci par l humidité de la nuit
 Ce chaos hallucinant couvre toute la presqu 'ile jusqu 'aux gréves lisses et uniformes du poste espagnol de Laguerra à la frontiére du Rio de Oro
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En  ces années 50 Port Etienne  est avant tout un village habité par les maures ,sa base d hydravions ,ses pécheries et ses ambitions de grand port de pêche
Accostage ....accueil chaleureux par les marins de la base  qui nous entrainent inexorablement au bar ....   bar où le pastis est servi sans eau !L'eau c est de l or ....et elle est trop rare sous ces latitudes
Les habitations de cette base minuscule perdue dans les sables  sont de forme semi sphériques et construites sur un modèle unique
Dans la grande pièce servant de bar une toile de parachute  tendue au plafond   a pour but d'apporter un certain confort ... amortir les sons et les échos de voix réfléchis par les murs et les plafonds aux formes arrondies
Plusieurs serviteurs maures drapés dans leur longue robe bleue  au visage de marbre nous observent en silence et attendant sans un mot la fin de notre repas   Leur immobilité  silencieuse ... me surprend    que peuvent ils penser de notre intrusion dans leur désert de sable?

Une première nuit dans ce désert de silence   ;;;équipage au grand complet   nous nous aventurons pour une promenade autour de notre abri
Silencieux nou regardons la nuit tomber, les dunes de sable 
s' assombrir   Autour des feux les maures commencent a s 'allonger , quelques uns entament quelques mélopées
Notre première nuit à Port Etienne nous permet de récupérer des fatigues de notre long voyage Nous dormons dans un lit abandonné depuis  de longues semaines au sable du désert...  le sable est partout ;; le vent souffle et s infiltre par toutes les issues, s'accumule dans tous les coins et recoins ,se déplace se   se répand ,vole en nuages se glisse sous les portes ou les fenêtres  C est un véritable prédateur....etonnant climat que celui de port etienne chaud sans excés sous l effet duvent permanent qui balaie la péninsule pendant la plus grande partie de l année  en tout casle vent de sable est toujours bien là 
les pleins de carburant....

le fléau....les mouettes

Accueillis pour un thé fort et sucré !



A 20 kilometres au sud de Port Etienne tout a l extrémité de la péninsule  se dresse le phare du cap blanc pointe la plus avancée du continent saharien avant l infléchissement de la cote vers le sud repére essentiel aux navigateurs
c est ce cap qu' a manqué la méduse dans la nuit du 1er au 2 juillet 1816
Mais au delà cent kilométres plus bas  s'étend un vaste piége des milliers de kilomètres carrés  d' un banc de sable à peine immergé que les navires doivent a tout prix éviter et contourner par le large ; le banc d arguin



Cap Blanc


      Cap blanc    
Enfin découverte de l’épave …..

La réponse je la trouverai  50 années plus tard ….lors de la lecture de l’ouvrage d un remarquable explorateur des fonds marins  jean yves Blot Découverte de l’épave en 1980 .
 j’en  resume donc les points essentiels 

Une premiere expedition sous le nom de Roussin –Givry avait atteint la côte d’Afrique en  1817 «  deux hommes escaladent le promontoire pour y planter au sommet le drapeau blanc à fleur de lys 
Le 4 avril l’expedition  signale  un « un objet remarquable «   au sud    .C’est sans    aucun doute ,l’épave recherchée ….la méduse couchée sur le flanc babord à une position éloignée de celle donnée par de Chaumarey 
 Roussin signale alors les grossieres erreurs des cartes  et la présence d’un plateau de sable et des profondeurs s échelonnent de 8  à 50 brasses imposant un sondage permanent  Il insiste sur l’etat exceptionnel du navire .  Une campagne de récupération permettrait de récupérer de nombreux objets , câbles , canons  boulets etc …  et…… 90000francs en or contenus dans 5 barils
Un mauvais coup du sort ..quelques mois plus tard , la frégate est démantelée par les coups de vent   La présence des requins interdit toute plongée et les cartes s’obstineront à mentionner pendant plusieurs décennies «  débris de la méduse «  ou «  wreck   of the méduse »

En 1937 alors que le site est inviolé depuis plus d’un siecle la campagne permet d’améliorer la carte établie par l’expedition précédente  Aucune trace de la méduse …

Une seconde campagne en 1961  1963   permet de compléter les connaissances du banc d’Arguin …  mais pas de trace de l’épave 

Dix ans plus tard ,nouvelle déception …


Toutefois l’intérêt et la curiosité persistent  grâce à un homme qui se passionne depuis de longues années pour la frégate disparue   , le professeur Théodore Monod dont les travaux lui valent une renommée mondiale dans la connaissance du grand désert saharien 
La solution définitive  va finalement resulter de sa rencontre avec  un jeune archeologue plein d’énergie et  d’enthousiasme  Jean –
Yves Blot

Je fais reference à son ouvrage «  Chronique d’un naufrage ordinaire «  publié en  1980

Dans le cadre des moyens de recherches,  l’exploration aérienne , le sonar ,le sondeur à sediments , le scanner à infra rouges  apparaissent d’emblée inutilisables
Reste le magnetometre à protons mis au point pendant   la seconde guerre mondiale lors de la recherche d’un moyen de détection des sous marins en plongée et qui devrait permettre de déceler les parties metalliques issues de l’épave et réparties sur une centaine de metres carrés
Note
Les magnétomètres peuvent être des compléments aux détecteurs de métaux classiques. Ils sont en mesure  de détecter des métaux ferreux à grande profondeur (ou sous l'eau, pour les épaves) en analysant les variations locales du champ magnétique terrestre....
Dans le cas présent un objet remorqué mesurera à chaque instant le champ magnetique de la zone  qu’il traverse  La zone à prospecter est soigneusement quadrillée et toute masse métallique rencontrée par l’objet va produire une modification du champ magnetique terrestre déclenchant alors un systeme d’alarme 

La chance sourit à l’expedition  , une anomalie magnetique de 1000 gammas est repéree puis confirmée   Deux plongeurs confirment la présence d’une épave et revenus  la surface annoncent la présence sur le fond de canons de fer et de clous de cuivre  L’enthousiame est grand …. ce ne peut être que la Méduse

Jean yves Blot plonge à son tour dans une eau opaque et glauque La visibilité ne dépasse pas 1 metre 50 et la profondeur est  limitée à 5 ou 6 metres   « Quelques herbes épaisses poussent ça et là ….  une épave ancienne surgit…. rongée par plus d’un siecle de séjour sous marin   Des poissons hantent le fond …..  une tige de fer , un canon enrobé dans une épaisse gangue de calcaire  puis un autre ,des feuilles de plomb , des chevilles de cuivre   « 

A la mi janvier , l’exploration se disloque .Une identification plus approfondie  permet de dire qu’il s’agit bien de la Méduse   Mais la solution de cette énigme entraine une interrogation    Que  sont devenus les fameux barils de pieces de monnaie ?

L’une des expeditions précédentes s’est elle approprié ces pieces d’or ….en toute discrétion

Une autre hypothese  inattendue …. les barils n’auraient pas quitté le royaume   le commandant du bateau  aurait mis en lieu sûr les 90000 francs avant le départ     Le mystere reste donc entier 



Parés pour l'hydroplanage . Un chalutier canarien nous observe avec curiosité et s'approche imprudemment à quelques encablures . Un violente rafale de vent et son mât heurte et s’accroche dans  la derive de notre  hydravion   Le bateau chavire... trois hommes   se débattent au milieu des vagues . Je leur jette une bouée .Ils s'y accrochent désespérement . Le bateau disparait dans les eaux  agitées de la baie.  Vol annulé
Le soir nos pêcheurs reconnaissants nous apportent un énorme turbot que nous destinons d'emblée au cuisinier de la base
Reprise des vols  Dans le lointain un attroupement sur la plage …des pêcheurs imraguens sans aucun doute …
Les pêcheurs Imraguens farouchement attachés à leur mode de vie ont acquis une image de légende exercant leurs activités autour du Cap Timiris et du banc d’Arguin. Les bateaux utilisés dans la zone du banc sont des vieilles embarcations à voile de type canarien dont le nombre ne cesse de décroître.  avec le temps …Postés sur la plage les pêcheurs  attendent patiemment l’intervention des  dauphins s’ébattant au large et qui ont pour rôle  de  rabattre le poisson vers leurs propres filets

Survol du Cap Blanc, promontoire rocheux et désolé sur fond de brume Plus désolé ,.plus stérile encore que le reste de la côte ....Plein sud   rien.. d'autre à faire .L'eau d'un vert profond s'éclairçit  lors de la présence d'un banc de sable qui effleure la surface de l'eau C'est en effet le fameux banc d'Arguin, un immense banc immergé ,une plate forme sous marine située bien au large constamment recouverte d'eau... Une immensité d'eau de  faible profondeur cachant comme on le sait … un  gigantesque  piége aux marins non informés ..le banc de sable 
Pas le moindre buisson sur la côte sablonneuse ,pas le moindre relief ou rocher que l'homme est en droit d'attendre du plus aride  des paysages ..et pourtant c'est le plus surprenant  refuge d'oiseaux marins de la planéte ....
Parlons de ce  fort d’Arguin …disparu dans les dunes
.
Il faudra  attendre le  15è siècle pour que ce fort Arguin ,premier fort européen entre dans l'histoire avec l'arrivée des caravelles Portugaises, chargées d’aventuriers , , pillant  quelques pauvres campements dans le but de  " razzier " des esclaves.  Bientôt les envahisseurs vont s'installer à demeure et bâtir une maison de pierre ,veritable forteresse et pratiquant   , au nom du roi qui en a le monopole, un commerce  d’ esclaves,   contre tissus, vêtements, marmites, outils et armes.


Prise de bouée et amarrage
FRONTIERE RIO DE ORO   MAURITANIE      1956

frontiére Mauritanie Rio de oro En route direction la baie des phoques l aguerra il nous faut passer la frontiére La sentinelle espagnole pose pour la photo


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