mercredi 8 octobre 2014

Notre Sunderland et la Méduse










1956  Notre village à Port Etienne

LES BANC D 'ARGUIN (MAURITANIE )

Notre Sunderland et"la méduse"


J ’ai  eu recours à mon  carnet de vol  jauni par le temps et bien rangé dans le fond d’un tiroir …je lis    20   séjours à Port Etienne et autant de survols de l’ile Tidra et des bancs d Arguin  
Au cours de nos missions sur Port Etienne de 1955 à  1957  J’ai donc  survolé comme beaucoup d autres la  Mauritanie ,ses plages désertes , ses dunes , ses massifs rocheux  et enfin les bancs d Arguin  …Il m’était donc difficile de rester indifférent à la tragédie de  cette  frégate disparue dans la région au siécle dernier …..la  Méduse   Et pourtant chaque jour en cours de vol ‘ aucun membre de l équipage  ne se posait  la question ignorant le drame qui s était déroulé le siécle précédent au large de cette région désertique
                                            Notre Sunderland amarré  à la bouée
 
Frontiére Mauritanie  Rio de Oro   La sentinelle espagnole désire poser pour la photo
Assailli par les mouettes ....!
Les maures  nous invitent sous leur tente pour un thé fort et sucré
Seul sur la planéte !
Squelette de chameau !!!!!
Pécheurs irraguiens
Ensablés ! en route vers l  aguerra 
                                                                                                                                                  

Notre Survol journalier du Cap Blanc, promontoire rocheux et désolé sur fond de brume la baie du Lévrier  Plus désolé ,.plus stérile encore que le reste de la côte ... Pas le moindre buisson sur la côte sablonneuse ,pas le moindre relief que l'homme est en droit d'attendre du plus aride  des paysages ..et pourtant c'est le plus surprenant  refuge d'oiseaux marins de la planète ....mais c’est là aussi que nous  réalisons entre deux vols  les plus belles pêches en espérant que les requins ne viendront pas troubler notre quiétude de pêcheur amateur     
 


Distinguer en dessous de nous l’emplacement approximatif du naufrage c ‘était rechercher une aiguille dans une botte de foin…
 
L'écran radar fourmille d'une multitude de points brillants.. image PPI ;;;  ce sont des flottilles de chalutiers canariens et des bancs de poissons.. masses compactes et phosphorescentes   qui se déplacent à fleur d'eau  prés de la surface  .... au milieu d’un « retour de mer »qui noie véritablement l’écran
En survolant ce lieu désertique ,de notre couche de  nuages   il nous est facile de distinguer sans efforts cette eau d'un vert profond qui s'éclairçit  lors de la présence d'un banc de sable effleurant  la surface de l'eau C'est   en effet le fameux banc d'Arguin, un immense banc immergé ,une plate forme sous marine située bien au large constamment recouverte d'eau... Une immensité d'eau de  faible profondeur à différents endroits cachant comme on le sait … un  gigantesque  piége aux marins non informés ..Ce sont les bancs de sable  ….’C est là que  la Méduse s’échoua un beau jour de 1816 

Le privilége de survoler cette région et de découvrir sous un ciel limpide les bancs d’Arguin  ,incite inévitablement à vouloir évoquer et comprendre les causes de ce drame
Inexpérience du capitaine ou cartes mal renseignées ? Le sujet a été largement traité !
Nous tentons quand même quelques approches radar ;;; Ne serait ce que pour évaluer  le point de ce  naufrage célébre ,mais rien ce jour  ,ne dissipera la part de mystere qui enveloppe cette disparition Face a cette terre aride la  frégate  s'est choisie la plus austere  des tombes , « les bancs d’Arguin » un immense plateau  à fleur d'eau ,vaste banc de sable ….qui émerge à marée basse ... quelque part au sud du cap Blanc par le travers de l'ile Tidra 
Curieux j’étudie le sujet et je constate que la derniére expédition permettant d identifier l’emplacement du naufrage doit remonter   aux environs de  1930 ?je quitterai donc la Mauritanie sans avoir eu le privilége exceptionnel de survoler  l endroit précis du naufrage
 Donc il ne reste  plus qu’ à rever ! et de songer aux faibles moyens  dont nous disposions pour détecter l’épave du Noroit disparu dans le lac  de Bizerte ,deux années  auparavant …







 Brusquement alors que tout semblait se dérouler le plus normalement du monde ,le lourd hydravion  alors   en ligne de vol peut être  à 400 pieds d’altitude 
bascula sur une aile et privé apparemment  de contrôle , partit en vrille .avant de s’écraser sur le plan d’eau
Cette image je ne l’oublierai jamais estimant qu il ne pouvait y avoir de rescapés après une  telle peripétie  …et encore aujourd'hui je n’ai pu rayer de ma mémoire la vision de ce plongeon vers la mort 
L hydravion  disparut dans une gerbe d’écume , avalé littéralement par les flots du lac 
Me précipitant au PC operations  je déclenchais l’alarme  sans hesitations  et m’emparais d une paire de jumelles
 Remontant au sommet de la vigie , le doute  ,la  peur d’avoir déclenché inutilement dans un cauchemar  une alerte m’envahit Avais je été victime d une hallucination ? Réellement je me posais mille questions mais je ne révais pas …aucune épave à la surface ….la surface de la mer avait retrouvé son calme , un  calme absolu Aprés quelques minutes d’observation j’observais à la jumelle plusieurs morceaux flottant dans les vagues ..Pas un être vivant , les flots s’étaient enfin refermés sur  les membres de l’équipage et les restes de l’épave
 . J’apprenais à la fin de la journée  , la récupération d’un survivant ,éléve pilote en formation , maintenu par sa Mae West mais grievement blessé
Ayant été le seul témoin de la catastrophe le commandant de  la base décida de me confier les recherches (voir photos )
Trois scaphandriers "pieds  lourds"lourdement équipés ratisserent les lieux supposés du crash parmi les hautes herbes qui  tapissaient le fond du lac et baliserent une immense zone d’investigations  La profondeur du lac bien que trés  limitée  une quinzaine de métres 
Aprés une  semaines de recherches , l’emplacement de l’épave était enfin localisé sur un fond couvert d’algues ,limitant la progression des scaphandriers 
La vision des differents parties de l’épave n’apportait aucun élément nouveau  et démontrait totalement que l’hydravion privé de commandes avait heurté de plein fouet après une chute verticale de plusieurs centaines de pieds la surface des vagues 
Cette chute verticale ne laissait aucun doute sur la qualité de   mon interprétation témoignage  indispensable  à la commission d’enquête 
Nous étions peu nombreux a l’escadrille et ce drame marqua profondément la vie des membres du  personnel , tous solidement liés par une profonde camaraderie Il nous fallait attendre maintenant les conclusions de la commission d’enquête avant de reprendre les vols et consécutivement l’entrainement des éléves de l’école de pilotage 
Avec le  recul je songeais alors aux moyens  techniques  modernes que nous aurions pu utiliser sur ces fonds sablonneux mais inexistants  dans les années  50
la detection d'une masse métallique  à une si faible immersion aurait été  chose aisée

Sunderland ...décollage !!!!



Recherches de l 'épave de la méduse ( suite )

Une seconde campagne en 1961 1963 permet de compléter les connaissances du banc d’Arguin … mais pas de trace de l’épave
Dix ans plus tard ,nouvelle déception …
La réponse je la trouverai 50 années plus tard ….lors de la lecture de l’ouvrage d un remarquable explorateur des fonds marins jean yves Blot

Découverte de l’épave en 1980 .donc 25 ans aprés notre séjour à Port etienne
Toutefois l’intérêt et la curiosité persistait grâce à un homme qui se passionnait depuis de longues années pour la frégate disparue , le professeur Théodore
Monod dont les travaux lui valaient une renommée mondiale dans la connaissance du grand désert saharien
La solution définitive va finalement resulter de sa rencontre avec un jeune archéologue plein d’énergie et d’enthousiasme Jean –Yves Blot

Je fais reference à son ouvrage « Chronique d’un naufrage ordinaire «publié en 1980
Dans le cadre des moyens de recherches, l’exploration aérienne , le sonar que l on utilise dans nos escadrilles ,les sondeur à sediments , le scanner à infra rouges apparaissaient d’emblée inutilisables
Restait le magnetometre à protons mis au point pendant la seconde guerre mondiale lors de la recherche d’un moyen de détection des sous marins en plongée et qui devait permettre de déceler les parties metalliques issues de l’épave et réparties sur une centaine de metres carrés

La chance sourit enfin à l’expedition , une anomalie magnétique de 1000 gammas est repéree puis confirmée ( reference faite à l ouvrage de jean yves Blot) Deux plongeurs confirment la présence d’une épave et revenus la surface annoncent la présence sur le fond de canons de fer et de clous de cuivre L’enthousiasme est grand …. ce ne peut être que la Méduse
Jean yves Blot plonge à son tour dans une eau opaque et glauque La visibilité ne dépasse pas 1 metre 50 et la profondeur est limitée à 5 ou 6 metres
« Quelques herbes épaisses poussent ça et là …. une épave ancienne surgit….rongée par plus d’un siecle de séjour sous marin Des poissons hantent le
fond ….. une tige de fer , un canon enrobé dans une épaisse gangue de calcaire puis un autre ,des feuilles de plomb , des chevilles de cuivre «
A la mi janvier , l’exploration se disloque .Une identification plus approfondiepermet de dire qu’il s’agit bien de la Méduse Mais la solution de cette énigmeentraine une interrogation Que sont devenus les fameux barils de pieces de monnaie ?
L’une des expeditions précédentes s’est elle approprié ces pieces d’or ….en toute discrétion
Une autre hypothese inattendue …. les barils n’auraient pas quitté le royaume le commandant du bateau aurait mis en lieu sûr les 90000 francs or  avant le départ
Le mystere reste donc entier