dimanche 30 octobre 2016

Les bancs d arguin et la méduse

FRONTIERE RIO DE ORO  MAURITANIE


Décollage de Port Lyautey ,cap sur Port Etienne (aujourd’hui Nouâdhibou). Durée de vol 3 heures
Cap juby sur notre gauche noyé dans les sables du Rio de Oro...Une pensée pour
Mermoz chef de station à Cap juby  ,  privé de vol et peu enthousiaste à l'idée en 1930 de vivre loin du monde et de l'aventure de l'aéropostale
  " Ce petit poste était alors aussi isolé de toute vie qu'un ilot perdu en mer ...cette dune toujours à sa place ,ce fort espagnol... » écrira  Saint Exupéry   En effet Il  passera plusieurs années dans ces lieux  avec pour mission le secours aux aviateurs perdus dans le désert
Le chef espagnol du Rif veut affirmer la préponderance de l’Espagne sur ce morceau de territoire  .Saint  Exupéry  est désigne comme chef de place en octobre  1927
. C’est justement en 1928, en tant que chef d’escale de Cap Juby, que Saint-Exupéry passera  ses nuits à écrire « Courrier Sud ». Il rentre en France et présente son manuscrit  En 1929, Saint-Exupéry prend sa « plume » et écrit son premier roman, « Vol de Nuit », durant ses expéditions. Ses  romans connaîtront un immense succès dans le monde entier. A  l’issue de ces publications , il posera  sa combinaison de pilote pour un costume d’écrivain.
Mais sa mission à Cap juby c’est avant tout d’assurer un  rapprochement avec les autorités espagnoles au mieux des intérêts  de la compagnie
 La securite des postes du desert s’installera alors  tranquillement dans une austérité monacale dans ce petit poste où la solitude  est propice à la reflexion et à l’ecriture 
Saint Exupery conserve l’esprit du pionnier     …mais beneficie de l’experience des epreuves traversées lors des années passées à découvrir le monde 

Le phare Coppoloni et le cap Cansado sont en vue. Un appel de la tour de controle et notre hydravion se  pose  par un  vent de sable aveuglant  ,trainant un long sillage  d'écume   ,sur le  plan d'eau de Port Etienne battu par les alizés soufflant dans   la baie du Lévrier  

 27 octobre    Escale à Port Etienne  

 Un groupe de boscos de la marine nationale  s'agite en tous sens et nous indique l'emplacement de la  bouée d'amarrage . Hydroplanage ,  approche prudente  ,la bouée est prise sans coup férir ,par un membre de l'équipage muni d'une longue gaffe.   Exercice de routine pour un équipage entrainé. 

Notre chaloupe accoste au vétuste appontement de bois , secoué par le ressac., planté au bord d'une longue gréve blanche où des barques délabrées et de vieux chalutiers achévent de disparaitre,noyés par   une longue  coulée de sable 
A chaque  décollage je me poserai cette éternelle question..Pourquoi ces bateaux en plein délabrement sont ils venus mourir si  loin de leur port d'attache ?

Une  vedette de la marine accoste pour les pleins de carburant... visite aprés vol ...vérifications diverses par l'équipage  ..Parés pour un prochain décollage . ; ; ;
Au loin la blancheur des maisons de forme semi sphériques se détache sur la teinte unie des  dunes. Elles semblent construites sur le trajet du vent , qui balaie la baie  avant de traverser le village .Deux miradors , plusieurs "demi tonneaux"    de type  Nyssen...C'est  la base marine ... 


L'eau potable est trés rare sur cette terre isolée et le pastis du bar remporte un franc succés .   Des   toiles de  parachutes  tendues au plafond apportent une sensation de confort .Visage impénétrable , les maures  de l'escale nous observent en silence
Des  hamacs abandonnés depuis de longues semaines au sable du désert nous tendent  les bras .  Le sable est partout ...Les mouches s'accumulent en grappes sur les cordons de notre lit de fortune et s'envolent dans un lourd bourdonnement

19 Juillet   En route pour l'Aguerra


Pour n'être pas nés  dans ce désert on peut toujours s'y adapter … aussi décidons nous malgré un  brûlant vent de sable  d'aller rendre visite aux phoques de Mauritanie en gardant à l'esprit  que les multiples facettes du désert sont toutes hostiles à l'homme non aguerri .
Départ en camion  4 x 4 dés l'aube  Long périple qui nous conduit au sommet d'une falaise surplombant la baie




Des phoques Moine  installés dans ces eaux depuis des générations . .et  guidés par les courants froids  ont découvert ,miracle de la nature  les eaux les plus poissonneuses du monde
Au retour photo devant le fort espagnol en présence d’une sentinelle espagnole très discrète
Un groupe de nomades  enturbanné de cotonnades indigo nous invite sous la tente ,pour un thé fort et sucré Le premier verre est pour l'hôte d'honneur .Préséance  de rigueur  Le traçé de la frontiére entre la Mauritanie et le Rio de Oro date du début du XXeme siecle , alors que la Mauritanie est française et le Sahara occidental, espagnol. Le 27 juin 1900 , la France et l'Espagne signent le traité de Paris qui définit la frontière entre le Río de Oro (espagnol) et la Mauritanie (française)[1]. Le 4 octobre1904, la convention de Paris fixe les frontières du Saguia el-amra et de Cap Juby

  
                                              La sentinelle espagnole souhaite poser pour la photo..

Après le départ des Espagnols en 1975-1976 suite aux accords de Madrid  le Maroc et la Mauritanie se partagent le Sahara occidental, mais un mouvement indépendantiste sahraoui, le Front Polisario, armé principalement par l'Algérie  et la Libye, s'oppose à cette annexion.


22 juillet    ordre de mission   .Exercice de navigation  
En embarquant sur notre vaisseau il nous faut surtout pallier aux dégâts causés par les mouettes ….
Un ordre de mission nous parvient  du ministère de la marine ...identifier l'emplacement futur de la capitale de la Mauritanie... Nouakshott
Le navigateur note les coordonnées du lieu et nous décollons du plan d'eau dans un nuage d'écume  et d'embruns Le soleil s'obscurcit ,un mur de sable barre complétement l'horizon .Au ras du sol les filets de sable et les tourbillons poursuivent leur course saccadée .Un voyageur égaré , dont les traces , fragiles témoins de son passage ,aurait grand mal à s'orienter 
Vertical Nouakshott !annonce notre navigateur trés affairé  Pas un arbre,  pas de campement ...Une immensité de sable  Le navigateur a du se tromper . Mais non une oasis véritable ilot de verdure se dessine ...quelques tentes... un troupeau de dromadaires... .Nous avons identifié l’emplacement de  la future capitale de la Mauritanie

La Mauritanie ( futur etat independant en 1960 alors qu’elle avait été  rattachée à l’Afrique Occidentale française depuis 1920 Elle gagnera sa place sur l’échiquier international avec l’entrée à l’organisation des nations unies en 1960 et sa reconnaissance par le Maroc en 1969  )



 28  Juillet


Ramassage de coquillages et de moules aprés le vol de nuit  Une immense marée mouvante et brunâtre ..des milliers de crabes brandissant  comme un rempart vers le ciel  leur unique  pince blanche   détalent sur la plage dés notre arrivée et disparaissent dans leurs trous   Des pélicans , des mouettes, des flamands roses,des cormorans dont le décollage lourd  et laborieux  nous remplit de joie    
Plusieurs membres de l'équipage s'adonnent à leur passion favorite   ,la pêche…barracudas , requins ,raies ,murènes agrippées aux rochers , peuplent les eaux  de ce port  du bout du monde mais  la vision de ces bateaux abandonnés ne donne t elle pas l'impression  de décevoir ces hommes qui ont tant espéré ,en voulant  profiter trop rapidement des richesses de ces contrées désertiques où le temps semble s’être arrêté 

29 juillet


.En avant pour l'Aguerra  village  situé juste à la frontiére du Rio de Oro  et de la Mauritanie .Ce territoire est  sous domination espagnole Une garnison d'une quinzaine d'hommes a établi son campement dans les murs de ce fortin  . Le village se protége du vent de sable par de rares barriéres de végétation arrachées au désert ,.le sable succéde au sable et la végétation semble capituler  Au retour notre 4x4 s'enlise dans un monticule de sable …. le crabotage et l’ardeur des passagers nous aident  à sortir  péniblement de notre situation  . .
Des phoques Moine  installés dans ces eaux depuis des générations . .et  guidés par les courants froids  ont découvert ,miracle de la nature  les eaux les plus poissonneuses du monde
Au retour photo devant le fort espagnol en présence d’une sentinelle espagnole très discréte


Un groupe de nomades  enturbanné de cotonnades indigo nous invite sous la tente ,pour un thé fort et sucré Le premer verre est pour l'hôte d'honneur .Préséance  de rigueur 


30 juillet 

Parés pour l'hydroplanage . Un chalutier canarien nous observe avec curiosité et s'approche imprudemment à quelques encablures . Un violente rafale de vent et son mât heurte et s’accroche dans  la derive de notre  hydravion   Le bateau chavire... trois hommes   se débattent au milieu des vagues . Je leur jette une bouée .Ils s'y accrochent désespérement . Le bateau disparait dans les eaux  agitées de la baie.  Vol annulé
Le soir nos pêcheurs reconnaissants nous apportent un énorme turbot que nous destinons d'emblée au cuisinier de la base
Reprise des vols  Dans le lointain un attroupement sur la plage …des pêcheurs imraguens sans aucun doute
Les pêcheurs Imraguens farouchement attachés à leur mode de vie ont acquis une image de légende exercant leurs activités autour du Cap Timiris et du banc d’Arguin. Les bateaux utilisés dans la zone du banc sont des vieilles embarcations à voile de type canarien dont le nombre ne cesse de décroître.  avec le temps …Postés sur la plage les pêcheurs  attendent patiemment l’intervention des  dauphins s’ébattant au large et qui ont pour rôle  de  rabattre le poisson vers leurs propres filets

Survol du Cap Blanc, promontoire rocheux et désolé sur fond de brume Plus désolé ,.plus stérile encore que le reste de la côte ....Plein sud   rien.. d'autre à faire .L'eau d'un vert profond s'éclairçit  lors de la présence d'un banc de sable qui effleure la surface de l'eau C'est en effet le fameux banc d'Arguin, un immense banc immergé ,une plate forme sous marine située bien au large constamment recouverte d'eau... Une immensité d'eau de  faible profondeur cachant comme on le sait … un  gigantesque  piége aux marins non informés ..le banc de sable 
Pas le moindre buisson sur la côte sablonneuse ,pas le moindre relief ou rocher que l'homme est en droit d'attendre du plus aride  des paysages ..et pourtant c'est le plus surprenant  refuge d'oiseaux marins de la planéte ....
Parlons de ce  fort d’Arguin …disparu dans les dunes
.
. Il faudra  attendre le  15è siècle pour que ce fort Arguin ,premier fort européen entre dans l'histoire avec l'arrivée des caravelles Portugaises, chargées d’aventuriers , , pillant  quelques pauvres campements dans le but de  " razzier " des esclaves.  Bientôt les envahisseurs vont s'installer à demeure et bâtir une maison de pierre ,veritable forteresse et pratiquant   , au nom du roi qui en a le monopole, un commerce  d’ esclaves,   contre tissus, vêtements, marmites, outils et armes.
  Dans ce désert ,Arguin est la seule à posséder une réserve  d'eau douce, ….obtenue  à partir  d’un  puits  ouvert sur ce plateau dénudé ,battu par le vent . Privilége qui permettra     la permanence d'une présence humaine dans l'ile , expliquant ainsi  en partie  toute l'histoire de ceux qui ont pu vivre sous ce climat
 Si le fort d'Arguin n'est qu'un obscur souvenir du passé en Mauritanie, l'esclavage,  situation d’asservissement transmise de generation en generation  lui, ne l'est pas encore. Même si la République islamique de Mauritanie, devenue indépendante en 1960,  a finalement et légalement aboli  en 1981    l’état d’asservissement de ces peuples  ,cette situation   reste  un motif  de discorde politique en attente de mesures concrétes
 Jusqu’à nos jours , on a vu s'y déployer … aprés le pavillon  portugais, le pavillon  hollandais, puis les couleurs brandebourgeoises et françaises. Les derniers colonisateurs en sont partis en 1969, mais les murs et les tours détruites du fort aprés divers affrontements , resistent endormies dans les dunes ,  …   
Aussi avons nous la plus grande difficulté à distinguer parmi ces ruines , ces amoncellements de sable et de rochers ,la présence réelle d’un fort ayant résisté au temps …
Jean-Baptiste DUCASSE : marin français (né à Saubusse, près de Dax, 2 août 1646 - en France, 25 juin 1715)Pour le compte de la Compagnie du Sénégal dont il était l'un des directeurs, il  fit plusieurs voyages en Afrique (1677-80), se signalant notamment par la prise du fort d'Arguin sur les Hollandais
.
 J’ai survolé la Mauritanie ,ses plages désertes , ses dunes majestueuses, ses massifs rocheux  pendant prés de trois années …Il m’était donc difficile de rester indifférent à la tragédie cette  frégate disparue …..la  Méduse    J ’ai donc eu recours à un carnet de notes jauni par le temps et oublié dans le fond d’un tiroir …

 L'écran radar fourmille d'une multitude de points brillants.. image PPI ;;;  ce sont des flottilles de chalutiers canariens et des bancs de poissons.. masses compactes et phosphorescentes   qui se déplacent à fleur d'eau  prés de la surface  .... au milieu d’un « retour de mer »qui noie véritablement l’écran
Je reste frappé par la mouvance infinie des dunes... dont les teintes varient avec l’heure de la journée et devenant rouges avec la déclinaison du  soleil  à l'horizon

Nous tentons quelques approches radar ne serait ce que pour identifier le point d’un naufrage célébre ,celui de la Meduse mais rien ce jour  ,ne dissipera la part de mystere qui enveloppe cette disparition   Face a cette terre aride la  frégate  s'est choisie la plus austere  des tombes ,un immense plateau  à fleur d'eau ,vaste banc de sable ….qui émerge à marée basse ... quelque part au sud du cap blanc par le travers de l'ile Tidra 

Survolant ce désert où toute vegetation a laissé place au sable, il  semble    aisé sous ce ciel limpide , coiffant les bancs d'Arguin , d'évoquer la tragédie de ce bateau disparu 
Le privilége de survoler cette région et de découvrir sous un ciel limpide les bancs d’Arguin  ,incite inévitablement à vouloir évoquer et comprendre les causes de ce drame

Le roi Charles X envoya en mission une  frégate commandée par  Duroy de Chaumarey …   pour y créer le comptoir du Sénégal alors que  l’Angleterre venait de   rendre à la France ce territoire Son but .. transporter le nouveau gouverneur et tout le personnel nécessaire au fonctionnement du comptoir ….
La Méduse ne part pas seule dans cette expédition, elle est accompagnée de trois autres bâtiments, la corvette l'Echo, le brick l'Argus et la flûte la Loire, 
Le 02 juillet 1816, la frégate "la Méduse", qui utilisait des cartes de 1753, dont les erreurs pouvaient atteindre, hélas, une centaine de km, venait s'échouer dans quatre à cinq mètres d'eau, à 50 km de la côte et, pour comble de malchance à marée haute.On devine la suite, c'est la panique et  l'évacuation de l'épave sous un brûlant soleil et dans le plus complet désordre; l'embarquement de 146 hommes (et une femme) sur un affreux radeau hâtivement construit ,à demi immergé  et à bord duquel il n'y a ni vivres ni eau douce.

C'est alors  la fuite du gouverneur Schmaltz et du commandant de la frégate,
Duroy de Chaumareys,et  l'odyssée désespérée de ces  naufragés débarqués sur une plage et regagnant Saint Louis du Senegal   à pied, dans le sable..à la merci des tribus maures .
. Des 145 passagers qui avaient pris place sur le  radeau  ,15 seront recueillis mourants par un  brick  "l'Argus " 12 jours aprés l'échouage de la frégate 

La toile géante de Géricault (4,90 m x 7,15 m)  exposée au Louvre va faire du radeau de la Méduse un thème si populaire et si célèbre, qu'elle attirera les critiques les plus sévéres d’un public sensibilisé par les circonstances de cette affreuse tragédie Le capitaine Duroy de Chaumarais  est pris pour cible mais aussi l’artiste à qui l’on reproche cette reproduction trop réaliste de l ‘événement
 Par la suite  la tragédie sera interprêtée  sous forme d’un opera  en 4 actes, en 1839,
Le survol quotidien de ces régions désertiques  en 1956 , dans le cadre d’une mission de navigation m’incitera une fois encore  à me poser la question  ..mais ou est
donc disparue l’épave de la Meduse … ?

Enfin découverte de l’épave …..

La réponse je la trouverai  50 années plus tard ….lors de la lecture de l’ouvrage d un remarquable explorateur des fonds marins  jean yves Blot Découverte de l’épave en 1980 .
 j’en  resume donc les points essentiels 

Une premiere expedition sous le nom de Roussin –Givry avait atteint la côte d’Afrique en  1817 «  deux hommes escaladent le promontoire pour y planter au sommet le drapeau blanc à fleur de lys 
Le 4 avril l’expedition  signale  un « un objet remarquable «   au sud    .C’est sans    aucun doute ,l’épave recherchée ….la méduse couchée sur le flanc babord à une position éloignée de celle donnée par de Chaumarey 
 Roussin signale alors les grossieres erreurs des cartes  et la présence d’un plateau de sable et des profondeurs s échelonnent de 8  à 50 brasses imposant un sondage permanent  Il insiste sur l’etat exceptionnel du navire .  Une campagne de récupération permettrait de récupérer de nombreux objets , câbles , canons  boulets etc …  et…… 90000francs en or contenus dans 5 barils
Un mauvais coup du sort ..quelques mois plus tard , la frégate est démantelée par les coups de vent   La présence des requins interdit toute plongée et les cartes s’obstineront à mentionner pendant plusieurs décennies «  débris de la méduse «  ou «  wreck   of the méduse »

En 1937 alors que le site est inviolé depuis plus d’un siecle la campagne permet d’améliorer la carte établie par l’expedition précédente  Aucune trace de la méduse …

Une seconde campagne en 1961  1963   permet de compléter les connaissances du banc d’Arguin …  mais pas de trace de l’épave 

Dix ans plus tard ,nouvelle déception …

En jaune clair on distingue l’étendue de banr la navigation au large de la Mauritanie bancs de sable constituant une zone de faible profondeur , un danger permanent  pour la navigation



Toutefois l’intérêt et la curiosité persistent  grâce à un homme qui se passionne depuis de longues années pour la frégate disparue   , le professeur Théodore Monod dont les travaux lui valent une renommée mondiale dans la connaissance du grand désert saharien 
La solution définitive  va finalement resulter de sa rencontre avec  un jeune archeologue plein d’énergie et  d’enthousiasme  Jean –Yves Blot
Je fais reference à son ouvrage «  Chronique d’un naufrage ordinaire «  publié en  1980
Dans le cadre des moyens de recherches,  l’exploration aérienne , le sonar ,le sondeur à sediments , le scanner à infra rouges  apparaissent d’emblée inutilisables
Reste le magnetometre à protons mis au point pendant   la seconde guerre mondiale lors de la recherche d’un moyen de détection des sous marins en plongée et qui devrait permettre de déceler les parties metalliques issues de l’épave et réparties sur une centaine de metres carrés
Note
Les magnétomètres peuvent être des compléments aux détecteurs de métaux classiques. Ils sont en mesure  de détecter des métaux ferreux à grande profondeur (ou sous l'eau, pour les épaves) en analysant les variations locales du champ magnétique terrestre....
Dans le cas présent un objet remorqué mesurera à chaque instant le champ magnetique de la zone  qu’il traverse  La zone à prospecter est soigneusement quadrillée et toute masse métallique rencontrée par l’objet va produire une modification du champ magnetique terrestre déclenchant alors un système d’alarme 

La chance sourit à l’expédition  , une anomalie magnétique de 1000 gammas est repérée puis confirmée   Deux plongeurs confirment la présence d’une épave et revenus  la surface annoncent la présence sur le fond de canons de fer et de clous de cuivre  L’enthousiame est grand …. ce ne peut être que la Méduse

Jean yves Blot plonge à son tour dans une eau opaque et glauque La visibilité ne dépasse pas 1 metre 50 et la profondeur est  limitée à 5 ou 6 metres   « Quelques herbes épaisses poussent ça et là ….  une épave ancienne surgit…. rongée par plus d’un siecle de séjour sous marin   Des poissons hantent le fond …..  une tige de fer , un canon enrobé dans une épaisse gangue de calcaire  puis un autre ,des feuilles de plomb , des chevilles de cuivre   « 

A la mi janvier , l’exploration se disloque .Une identification plus approfondie  permet de dire qu’il s’agit bien de la Méduse   Mais la solution de cette énigme entraine une interrogation    Que  sont devenus les fameux barils de pieces de monnaie ?

L’une des expéditions précédentes s’est elle approprié ces pieces d’or ….en toute discrétion
Une autre hypothese  inattendue …. les barils n’auraient pas quitté le royaume   le commandant du bateau  aurait mis en lieu sûr les 90000 francs avant le départ     Le mystere reste donc entier 



En conclusion quelle que soit la verité ,c’est l’horreur du drame  du radeau mis en évidence par la réaction de l’opinion publique devant le tableau de Gericault   qui retiendra l’attention .La rencontre du drame et d’une œuvre exceptionnelle exaltant et fixant  l’image de ces hommes désespérés  n’a pu  laisser indifferents les amateurs de sensations fortes 

  jean yves Blot auteur de l’ouvrage aime rappeler …. «  Sans le radeau …la disparition de cette frégate n’aurait été qu’un simple fait divers »






Résultat de recherche d'images pour "PEXELS HYDRAVIONS SUNDERLAND"




















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mardi 31 mai 2016

Port ETIENNE Base d 'Hydravions




















LA mauritanie il fut pourtant une époque où une partie de cette France ignorante en géographie vibrait pour les héros qui survolaient ces horizons déserts des côtes d Afrique défiant un univers de sable brûlé pour délivrer un courrier alourdi de timbres postes au temps de l' aéropostale Les pilotes naufragés se faisaient alors rançonner 
Quelques hommes courageux négociaient leur rachat parmi eux Saint Exupery Couvrir la lointaine mauritanie va être pour moi l occasion d une réconciliation avec mon adolescence

Le phare Coppoloni et le cap Cansado sont en vue ,un appel de la tour de contrôle , un tour de piste et nous nous posons par fort vent de sable sur le plan d eau agité de Port Etienne   Un groupe de boscos de la marine nationale nous fait signe ! une vedette rapide accoste et  nous conduit  a l 'unique appontement de bois secoué par le ressac ,planté au bord d une longue gréve blanche où des barques et de vieux chalutiers achévent de mourir


BASE MARINE A PORT ETIENNE



Sur trois kilométres de dunes basses s 'échelonnent quelques petites maisons en forme de demi sphères , certaines entourées de barbelés et de vieux bidons Pas un arbuste ,pas une herbe.... nous avons l impression de faire un bond en arrière de vingt siécles et de retourner aux temps bibliques

Le plus surprenant dans cette arrivée par les airs est le spectacle de la baie  sur toute l étendue de la côte  une main géante semble avoir semer des silhouettes sombres e    Des navires de toutes sortes de pêche , de transport que les dunes noient sous des coulées de sable blanc Port etienne notre futur port d attache nous offre dés notre arriveele spectacle hallucinant de ce désertqui dévore tout jusqu aux navires venus mourir à ses portes Port etienne le puits des chacals bien qu il  ne possède aucun point d' eau est dans les années 50 le port le plus important de Mauritanie   mais quel port! nous apercevons a perte de vue un sol blanc et poudreux  bosselé de monticules hérissés de roches glaiseuses ciselées   par le vent en découpes étranges et qui   n ést en fait  que du sable durci par l humidité de la nuit
 Ce chaos hallucinant couvre toute la presqu 'ile jusqu 'aux gréves lisses et uniformes du poste espagnol de Laguerra à la frontiére du Rio de Oro
Résultat de recherche d'images pour "cap blanc maroc mauritanie"




En  ces années 50 Port Etienne  est avant tout un village habité par les maures ,sa base d hydravions ,ses pécheries et ses ambitions de grand port de pêche
Accostage ....accueil chaleureux par les marins de la base  qui nous entrainent inexorablement au bar ....   bar où le pastis est servi sans eau !L'eau c est de l or ....et elle est trop rare sous ces latitudes
Les habitations de cette base minuscule perdue dans les sables  sont de forme semi sphériques et construites sur un modèle unique
Dans la grande pièce servant de bar une toile de parachute  tendue au plafond   a pour but d'apporter un certain confort ... amortir les sons et les échos de voix réfléchis par les murs et les plafonds aux formes arrondies
Plusieurs serviteurs maures drapés dans leur longue robe bleue  au visage de marbre nous observent en silence et attendant sans un mot la fin de notre repas   Leur immobilité  silencieuse ... me surprend    que peuvent ils penser de notre intrusion dans leur désert de sable?

Une première nuit dans ce désert de silence   ;;;équipage au grand complet   nous nous aventurons pour une promenade autour de notre abri
Silencieux nou regardons la nuit tomber, les dunes de sable 
s' assombrir   Autour des feux les maures commencent a s 'allonger , quelques uns entament quelques mélopées
Notre première nuit à Port Etienne nous permet de récupérer des fatigues de notre long voyage Nous dormons dans un lit abandonné depuis  de longues semaines au sable du désert...  le sable est partout ;; le vent souffle et s infiltre par toutes les issues, s'accumule dans tous les coins et recoins ,se déplace se   se répand ,vole en nuages se glisse sous les portes ou les fenêtres  C est un véritable prédateur....etonnant climat que celui de port etienne chaud sans excés sous l effet duvent permanent qui balaie la péninsule pendant la plus grande partie de l année  en tout casle vent de sable est toujours bien là 
les pleins de carburant....

le fléau....les mouettes

Accueillis pour un thé fort et sucré !



A 20 kilometres au sud de Port Etienne tout a l extrémité de la péninsule  se dresse le phare du cap blanc pointe la plus avancée du continent saharien avant l infléchissement de la cote vers le sud repére essentiel aux navigateurs
c est ce cap qu' a manqué la méduse dans la nuit du 1er au 2 juillet 1816
Mais au delà cent kilométres plus bas  s'étend un vaste piége des milliers de kilomètres carrés  d' un banc de sable à peine immergé que les navires doivent a tout prix éviter et contourner par le large ; le banc d arguin



Cap Blanc


      Cap blanc    
Enfin découverte de l’épave …..

La réponse je la trouverai  50 années plus tard ….lors de la lecture de l’ouvrage d un remarquable explorateur des fonds marins  jean yves Blot Découverte de l’épave en 1980 .
 j’en  resume donc les points essentiels 

Une premiere expedition sous le nom de Roussin –Givry avait atteint la côte d’Afrique en  1817 «  deux hommes escaladent le promontoire pour y planter au sommet le drapeau blanc à fleur de lys 
Le 4 avril l’expedition  signale  un « un objet remarquable «   au sud    .C’est sans    aucun doute ,l’épave recherchée ….la méduse couchée sur le flanc babord à une position éloignée de celle donnée par de Chaumarey 
 Roussin signale alors les grossieres erreurs des cartes  et la présence d’un plateau de sable et des profondeurs s échelonnent de 8  à 50 brasses imposant un sondage permanent  Il insiste sur l’etat exceptionnel du navire .  Une campagne de récupération permettrait de récupérer de nombreux objets , câbles , canons  boulets etc …  et…… 90000francs en or contenus dans 5 barils
Un mauvais coup du sort ..quelques mois plus tard , la frégate est démantelée par les coups de vent   La présence des requins interdit toute plongée et les cartes s’obstineront à mentionner pendant plusieurs décennies «  débris de la méduse «  ou «  wreck   of the méduse »

En 1937 alors que le site est inviolé depuis plus d’un siecle la campagne permet d’améliorer la carte établie par l’expedition précédente  Aucune trace de la méduse …

Une seconde campagne en 1961  1963   permet de compléter les connaissances du banc d’Arguin …  mais pas de trace de l’épave 

Dix ans plus tard ,nouvelle déception …


Toutefois l’intérêt et la curiosité persistent  grâce à un homme qui se passionne depuis de longues années pour la frégate disparue   , le professeur Théodore Monod dont les travaux lui valent une renommée mondiale dans la connaissance du grand désert saharien 
La solution définitive  va finalement resulter de sa rencontre avec  un jeune archeologue plein d’énergie et  d’enthousiasme  Jean –
Yves Blot

Je fais reference à son ouvrage «  Chronique d’un naufrage ordinaire «  publié en  1980

Dans le cadre des moyens de recherches,  l’exploration aérienne , le sonar ,le sondeur à sediments , le scanner à infra rouges  apparaissent d’emblée inutilisables
Reste le magnetometre à protons mis au point pendant   la seconde guerre mondiale lors de la recherche d’un moyen de détection des sous marins en plongée et qui devrait permettre de déceler les parties metalliques issues de l’épave et réparties sur une centaine de metres carrés
Note
Les magnétomètres peuvent être des compléments aux détecteurs de métaux classiques. Ils sont en mesure  de détecter des métaux ferreux à grande profondeur (ou sous l'eau, pour les épaves) en analysant les variations locales du champ magnétique terrestre....
Dans le cas présent un objet remorqué mesurera à chaque instant le champ magnetique de la zone  qu’il traverse  La zone à prospecter est soigneusement quadrillée et toute masse métallique rencontrée par l’objet va produire une modification du champ magnetique terrestre déclenchant alors un systeme d’alarme 

La chance sourit à l’expedition  , une anomalie magnetique de 1000 gammas est repéree puis confirmée   Deux plongeurs confirment la présence d’une épave et revenus  la surface annoncent la présence sur le fond de canons de fer et de clous de cuivre  L’enthousiame est grand …. ce ne peut être que la Méduse

Jean yves Blot plonge à son tour dans une eau opaque et glauque La visibilité ne dépasse pas 1 metre 50 et la profondeur est  limitée à 5 ou 6 metres   « Quelques herbes épaisses poussent ça et là ….  une épave ancienne surgit…. rongée par plus d’un siecle de séjour sous marin   Des poissons hantent le fond …..  une tige de fer , un canon enrobé dans une épaisse gangue de calcaire  puis un autre ,des feuilles de plomb , des chevilles de cuivre   « 

A la mi janvier , l’exploration se disloque .Une identification plus approfondie  permet de dire qu’il s’agit bien de la Méduse   Mais la solution de cette énigme entraine une interrogation    Que  sont devenus les fameux barils de pieces de monnaie ?

L’une des expeditions précédentes s’est elle approprié ces pieces d’or ….en toute discrétion

Une autre hypothese  inattendue …. les barils n’auraient pas quitté le royaume   le commandant du bateau  aurait mis en lieu sûr les 90000 francs avant le départ     Le mystere reste donc entier 



Parés pour l'hydroplanage . Un chalutier canarien nous observe avec curiosité et s'approche imprudemment à quelques encablures . Un violente rafale de vent et son mât heurte et s’accroche dans  la derive de notre  hydravion   Le bateau chavire... trois hommes   se débattent au milieu des vagues . Je leur jette une bouée .Ils s'y accrochent désespérement . Le bateau disparait dans les eaux  agitées de la baie.  Vol annulé
Le soir nos pêcheurs reconnaissants nous apportent un énorme turbot que nous destinons d'emblée au cuisinier de la base
Reprise des vols  Dans le lointain un attroupement sur la plage …des pêcheurs imraguens sans aucun doute …
Les pêcheurs Imraguens farouchement attachés à leur mode de vie ont acquis une image de légende exercant leurs activités autour du Cap Timiris et du banc d’Arguin. Les bateaux utilisés dans la zone du banc sont des vieilles embarcations à voile de type canarien dont le nombre ne cesse de décroître.  avec le temps …Postés sur la plage les pêcheurs  attendent patiemment l’intervention des  dauphins s’ébattant au large et qui ont pour rôle  de  rabattre le poisson vers leurs propres filets

Survol du Cap Blanc, promontoire rocheux et désolé sur fond de brume Plus désolé ,.plus stérile encore que le reste de la côte ....Plein sud   rien.. d'autre à faire .L'eau d'un vert profond s'éclairçit  lors de la présence d'un banc de sable qui effleure la surface de l'eau C'est en effet le fameux banc d'Arguin, un immense banc immergé ,une plate forme sous marine située bien au large constamment recouverte d'eau... Une immensité d'eau de  faible profondeur cachant comme on le sait … un  gigantesque  piége aux marins non informés ..le banc de sable 
Pas le moindre buisson sur la côte sablonneuse ,pas le moindre relief ou rocher que l'homme est en droit d'attendre du plus aride  des paysages ..et pourtant c'est le plus surprenant  refuge d'oiseaux marins de la planéte ....
Parlons de ce  fort d’Arguin …disparu dans les dunes
.
Il faudra  attendre le  15è siècle pour que ce fort Arguin ,premier fort européen entre dans l'histoire avec l'arrivée des caravelles Portugaises, chargées d’aventuriers , , pillant  quelques pauvres campements dans le but de  " razzier " des esclaves.  Bientôt les envahisseurs vont s'installer à demeure et bâtir une maison de pierre ,veritable forteresse et pratiquant   , au nom du roi qui en a le monopole, un commerce  d’ esclaves,   contre tissus, vêtements, marmites, outils et armes.


Prise de bouée et amarrage
FRONTIERE RIO DE ORO   MAURITANIE      1956

frontiére Mauritanie Rio de oro En route direction la baie des phoques l aguerra il nous faut passer la frontiére La sentinelle espagnole pose pour la photo


mercredi 25 mai 2016

Le Clemenceau la Croisiére Noire .....Passage de la ligne ...

Poseidon, dieu des mers et des océans
Neptune qui suscite les tempêtes et commande les flots,
LE CLEM

 Oran, Canaries ,Madère,  Dakar , Abidjan                   1961


PASSAGE DE LA LIGNE  24  28   février 1961

Notre vaisseau creuse son sillon avec la placidité d un cheval de trait et glisse doucement en
s enfonçant dans la nuit...   Des gouttes perlent doucement au  sabord de ma cabine ....la mer est grise et le vent souffle  
 L air marin ramène les sourires sur  les visages des fourriers ,isolés dans leurs cabines depuis une semaine et qui enfin font une apparition sur le pont d 'envol
Accoudé au bastingage je suis fasciné par la couleur bleue marine que prend l océan   Les déferlantes se brisent sur la proue
 ... Un coup le ciel ... un coup les vagues .....où s enfonce notre bâtiment... Quelques    poissons volants  jaillissent devant l étrave Deux  atterrissent tristement sur le pont et dépensent leurs dernières forces a se débattre


Derrière notre vaisseau ...Nous trainons un sillage vert clair   Des oiseaux nous suivent et virevoltent sur le bateau  Deux mouettes épuisées se posent sur le pont

La chaleur sous les tropiques devient suffocante; le vent est nul sur une eau absolument lisse et luisante comme du mercure Notre Clemenceau soulève a grand peine un peu d écume qui flotte dans son sillage
A l horizon on distingue une brume légère d' où émergent des milliers de points noirs ....   des tortues de mer..... peut être se chauffent elles au soleil?  Spectacle étonnant que ces tortues rassemblées pour une émigration lointaine

Nous ne sommes pas dans un lieu fréquenté par les baleines ;;;;par contre l'une d elles... énorme vient au large respirer a fleur d'eau et lancer comme une sorte de geyser l eau de mer qui s élève au dessus de la surface comme une fumée vaporeuse
Une bande de dauphins nage avec une étonnante facilité dans le sillage de notre navire  , on les voit accompagner le bâtiment  et entrecroiser leur marche de telle manière qu ils parcourent plus de chemin que notre énorme vaisseau

25 février 1961

 Le ciel s éclaircit.... les nuages sombres et orageux se dissipent,l horizon est bleu, la mer est belle légèrement  agitée
Nous naviguons a toute vapeur vers la ligne que nous estimons pouvoir passer dans l 'après midi  Le personnel se prépare pour la cérémonie des baptèmes    Deux sont prévus celui du navire et  des passagers
C'est le premier passage de la ligne pour le Clemenceau et on commencera par lui
Les déguisements sont prêts ,les discours sont ébauchés ...... projets divertissants en perspective
Le "père tropiques "roi de la fête  " Mr et Mme Ligne"
Neptune  affublé d un costumes a longues basques ,d un chapeau ciré, d un large pantalon et d une paire de bottes de mer .. Neptune le maitre des mers !
 
Impossible de passer à travers, tout marin qui franchit pour la première fois la ligne de l'équateur doit être « baptisé » afin d'expier tous ses péchés d'avant... 
Dans la marine Nationale, les festivités durent quatre ou cinq jours (dans la marine marchande un seul jour).
La hiérarchie à bord est chamboulée. Il n'y a plus de grades, il n'y a plus que deux catégories de marins, les néophytes et les dignitaires. 
C est un moment plus ou moins craint par les néophytes, attendu par les "Chevaliers" et les "Dignitaires", les Chevaliers ayant déjà passé la ligne une fois, les Dignitaires x fois. Le passage a lieu normalement dans le sens nord-sud,

.
Durant quatre jours, les « néos » sont préparés psychologiquement à leur baptême.
 

La tribu des sauvages installés dans une piscine d'eau de mer a pour mission de faire boire la tasse par trois fois aux matelots en les immergeant, longtemps, longtemps ......

Le néophyte sorti de la piscine est confié aux boulangers qui l'enduisent copieusement de farine.

 
Dans l'histoire
 
Le rituel du passage de la ligne remonte aux premières traversées de la marine à voiles. 
En ce temps-là, en plus de donner un nouvel état aux jeunes matelots, cet événement  venait exorciser les peurs du franchissement de la limite d'un monde totalement inconnu. Un inconnu bien réel, déboussolant car les marins perdaient leurs repères d'étoiles et leur nord. La peur de tomber dans le néant était réelle ; un monde inversé avive les plus grands fantasmes.
À cette époque, il semble que le rituel était limité à l'immersion par des seaux d'eau de mer.
Une purification par l'eau dont le principe est bien connu, l'eau, unique élément et seul horizon pour les marins pendant des semaines.
 
Ce passage devait leur faire prendre conscience d'un ailleurs, d'un Nouveau Monde. 
Peu à peu, dans la « royale » ce rituel s'est apparenté à un Carnaval, sans pour autant en perdre son sens initial.


La convocation

 Tremblez ! Tremblez Néophytes 
La cérémonie du passage de la ligne est largement théâtralisée. Quelques marins hors cérémonie assurent la sécurité minimale, mais le pouvoir est confié aux anciens suivant leur expérience dans les mers du Sud. C'est ainsi qu'un vieux bosco prendra la place du commandant, le maître d'armes devra se  travestir en Amphitrite, un timonier deviendra Neptune, etc.
Car pour avoir le droit de franchir la ligne il faut en demander l'autorisation au Dieu des mers Neptune (Poséidon).
 
 
Jour du passage  
 
« En ce... jour de l'an de grâce..., moi, Neptune qui suscite les tempêtes et commande les flots, je vous souhaite la bienvenue, o fiers navigateurs. Abjecte vengeance qui ose souiller ces lieux sacrés et en cet état paraître

Vous allez subir un baptême purificateur qui permettra peut-être de passer de l'état de non-être à celui de Chevalier des Mouillés, Colorés et Enfarinés. 
Gendarmes, veillez que pas un n'en réchappe. Juges soyez implacables, faites passer ma justice sans faiblesse. Cireurs et infirmiers mettez de la couleur et appliquez les potions. Quant à vous, heureux mortels, profitez pleinement de ce jour de liesse. Je vous souhaite agréable compagnie et plaisirs raffinés. Ma divine protection vous accompagnera jusqu'au terme du voyage. Et peut-être même qu'il fera beau le jour de l'arrivée.
Bonne mer et bon vent !
Et maintenant que la fête commence, car tel est notre bon plaisir ! »
 


 
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Je ne suis pas ici pour dire si un bizutage est bon ou mauvais, mais pour faire partager mon vécu. je suis donc a la fois témoin et victime consentante 
Ce moment a compté pour moi, je pense en avoir retiré le bon message.
Nous avons été confrontés, durant quelques  jours, à des conditions difficilement acceptables dans un autre contexte, mais nous étions fiers d'être Chevaliers des mers. Pouvoir compter sur l'autre, c'est une nécessité en mer ; 


 Que le bal commence !