mercredi 25 mai 2016

Le Clemenceau la Croisiére Noire .....Passage de la ligne ...

Poseidon, dieu des mers et des océans
Neptune qui suscite les tempêtes et commande les flots,
LE CLEM

 Oran, Canaries ,Madère,  Dakar , Abidjan                   1961


PASSAGE DE LA LIGNE  24  28   février 1961

Notre vaisseau creuse son sillon avec la placidité d un cheval de trait et glisse doucement en
s enfonçant dans la nuit...   Des gouttes perlent doucement au  sabord de ma cabine ....la mer est grise et le vent souffle  
 L air marin ramène les sourires sur  les visages des fourriers ,isolés dans leurs cabines depuis une semaine et qui enfin font une apparition sur le pont d 'envol
Accoudé au bastingage je suis fasciné par la couleur bleue marine que prend l océan   Les déferlantes se brisent sur la proue
 ... Un coup le ciel ... un coup les vagues .....où s enfonce notre bâtiment... Quelques    poissons volants  jaillissent devant l étrave Deux  atterrissent tristement sur le pont et dépensent leurs dernières forces a se débattre


Derrière notre vaisseau ...Nous trainons un sillage vert clair   Des oiseaux nous suivent et virevoltent sur le bateau  Deux mouettes épuisées se posent sur le pont

La chaleur sous les tropiques devient suffocante; le vent est nul sur une eau absolument lisse et luisante comme du mercure Notre Clemenceau soulève a grand peine un peu d écume qui flotte dans son sillage
A l horizon on distingue une brume légère d' où émergent des milliers de points noirs ....   des tortues de mer..... peut être se chauffent elles au soleil?  Spectacle étonnant que ces tortues rassemblées pour une émigration lointaine

Nous ne sommes pas dans un lieu fréquenté par les baleines ;;;;par contre l'une d elles... énorme vient au large respirer a fleur d'eau et lancer comme une sorte de geyser l eau de mer qui s élève au dessus de la surface comme une fumée vaporeuse
Une bande de dauphins nage avec une étonnante facilité dans le sillage de notre navire  , on les voit accompagner le bâtiment  et entrecroiser leur marche de telle manière qu ils parcourent plus de chemin que notre énorme vaisseau

25 février 1961

 Le ciel s éclaircit.... les nuages sombres et orageux se dissipent,l horizon est bleu, la mer est belle légèrement  agitée
Nous naviguons a toute vapeur vers la ligne que nous estimons pouvoir passer dans l 'après midi  Le personnel se prépare pour la cérémonie des baptèmes    Deux sont prévus celui du navire et  des passagers
C'est le premier passage de la ligne pour le Clemenceau et on commencera par lui
Les déguisements sont prêts ,les discours sont ébauchés ...... projets divertissants en perspective
Le "père tropiques "roi de la fête  " Mr et Mme Ligne"
Neptune  affublé d un costumes a longues basques ,d un chapeau ciré, d un large pantalon et d une paire de bottes de mer .. Neptune le maitre des mers !
 
Impossible de passer à travers, tout marin qui franchit pour la première fois la ligne de l'équateur doit être « baptisé » afin d'expier tous ses péchés d'avant... 
Dans la marine Nationale, les festivités durent quatre ou cinq jours (dans la marine marchande un seul jour).
La hiérarchie à bord est chamboulée. Il n'y a plus de grades, il n'y a plus que deux catégories de marins, les néophytes et les dignitaires. 
C est un moment plus ou moins craint par les néophytes, attendu par les "Chevaliers" et les "Dignitaires", les Chevaliers ayant déjà passé la ligne une fois, les Dignitaires x fois. Le passage a lieu normalement dans le sens nord-sud,

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Durant quatre jours, les « néos » sont préparés psychologiquement à leur baptême.
 

La tribu des sauvages installés dans une piscine d'eau de mer a pour mission de faire boire la tasse par trois fois aux matelots en les immergeant, longtemps, longtemps ......

Le néophyte sorti de la piscine est confié aux boulangers qui l'enduisent copieusement de farine.

 
Dans l'histoire
 
Le rituel du passage de la ligne remonte aux premières traversées de la marine à voiles. 
En ce temps-là, en plus de donner un nouvel état aux jeunes matelots, cet événement  venait exorciser les peurs du franchissement de la limite d'un monde totalement inconnu. Un inconnu bien réel, déboussolant car les marins perdaient leurs repères d'étoiles et leur nord. La peur de tomber dans le néant était réelle ; un monde inversé avive les plus grands fantasmes.
À cette époque, il semble que le rituel était limité à l'immersion par des seaux d'eau de mer.
Une purification par l'eau dont le principe est bien connu, l'eau, unique élément et seul horizon pour les marins pendant des semaines.
 
Ce passage devait leur faire prendre conscience d'un ailleurs, d'un Nouveau Monde. 
Peu à peu, dans la « royale » ce rituel s'est apparenté à un Carnaval, sans pour autant en perdre son sens initial.


La convocation

 Tremblez ! Tremblez Néophytes 
La cérémonie du passage de la ligne est largement théâtralisée. Quelques marins hors cérémonie assurent la sécurité minimale, mais le pouvoir est confié aux anciens suivant leur expérience dans les mers du Sud. C'est ainsi qu'un vieux bosco prendra la place du commandant, le maître d'armes devra se  travestir en Amphitrite, un timonier deviendra Neptune, etc.
Car pour avoir le droit de franchir la ligne il faut en demander l'autorisation au Dieu des mers Neptune (Poséidon).
 
 
Jour du passage  
 
« En ce... jour de l'an de grâce..., moi, Neptune qui suscite les tempêtes et commande les flots, je vous souhaite la bienvenue, o fiers navigateurs. Abjecte vengeance qui ose souiller ces lieux sacrés et en cet état paraître

Vous allez subir un baptême purificateur qui permettra peut-être de passer de l'état de non-être à celui de Chevalier des Mouillés, Colorés et Enfarinés. 
Gendarmes, veillez que pas un n'en réchappe. Juges soyez implacables, faites passer ma justice sans faiblesse. Cireurs et infirmiers mettez de la couleur et appliquez les potions. Quant à vous, heureux mortels, profitez pleinement de ce jour de liesse. Je vous souhaite agréable compagnie et plaisirs raffinés. Ma divine protection vous accompagnera jusqu'au terme du voyage. Et peut-être même qu'il fera beau le jour de l'arrivée.
Bonne mer et bon vent !
Et maintenant que la fête commence, car tel est notre bon plaisir ! »
 


 
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Je ne suis pas ici pour dire si un bizutage est bon ou mauvais, mais pour faire partager mon vécu. je suis donc a la fois témoin et victime consentante 
Ce moment a compté pour moi, je pense en avoir retiré le bon message.
Nous avons été confrontés, durant quelques  jours, à des conditions difficilement acceptables dans un autre contexte, mais nous étions fiers d'être Chevaliers des mers. Pouvoir compter sur l'autre, c'est une nécessité en mer ; 


 Que le bal commence !
 
 


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