mardi 18 septembre 2012

Extraits de carnet de vol et reflexions sur un naufrage

Extraits de carnet de vol et reflexions sur un naufrage


Le lac de Bizerte

















Bizerte également désigné comme la lagune de Bizerte, est une étendue d'eau salée située au sud de la ville de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.


Communiquant avec la mer mediterranée par un chenal de sept kilomètres, il est relié au lac d ichkeul par le canal de l'oued tinja . Le lac s'étend sur 120 km2 et a une profondeur moyenne de sept mètres pouvant atteindre douze mètres .


Le Noroit ,je me demande encore comment j’ai pu sortir sans dommages de cet engin volant …mais qui m’apporta tant de joies avant de connaître le pire …


En fait j’avais effectué quelques centaines d heures de vol aux Mureaux sur cet hydravion réputé fragile et particulierement sensible à l’air marin…..,De nombreux problémes en exergue …. avant que cet accident majeur mette un terme à son existence ,,,, feu à bord … échouage en raison d’ une panne de moteur , entrée d’eau accidentelle…due à un dérivométre oublié , mais aussi la récupération en pleine mer et en plein hiver de notre équipage .


En fait ce premier incident était déjà un avertissement …, le feu avait pris naissance dans le circuit électrique de l’aile gauche alors que nous volions à 2000 métres




Perdus… dans l’écume de ce vent de novembre 1954 , dérivant dans nos dinghies quelque part au large de la Sicile , transis par le froid et l’eau de mer nous espérions pleins d’ optimisme l’arrivée d’un bateau de sauvetage


Le médecin de la base avait formulé le désir de participer à notre aventure… il nageait alors désespérément porté par un vent violent , mae west perforée et le corps couvert de fluoresceine , teinture artificielle qui lui donna pour une semaine l’apparence d’un mort vivant


Pris de panique lors de l’incendie il avait quitté l’avion en feu ….et joué sa propre chance en toute indépendance …sans même nous avertir









Le radio de bord devant la naissance de l’incendie avait eu lé réflexe d’émettre un message de détresse et le SOS franchit toute la mediterranée alertant bateaux et avions ..heureusement d’ailleurs !

Un cargo avait enfin trouvé notre position dans cet  océan de vagues et nous fumes rapidement entourés d’une multitude de bateaux les plus divers

L’eau de mer pénétrait dans mon dinghie et l’arrivée de cette escadre de bateaux de tous horizons me remplit de joie et de satisfaction .Nous n’étions pas oubliés …mais ma combinaison de vol complétement transperçée par l’humidité ne m’apportait aucune protection .. vivement la terre ferme ! Je ne pouvais pas prévoir les événements qui allaient suivre …

Le fond sablonneux est recouvert d’algues, particularité qui ne facilita pas la tâche des scaphandriers désignés pour le recherche de l’épave du Noroit ( texte ci-dessous )
Le naufrage d un Noroit

Du haut de la vigie j’assiste à l’un des drames de ma vie …

Par un heureux concours de circonstances ..ce jour je ne volais pas ……Au sommet de la vigie ,  seul dans ma tour… mon  rôle …se réduisait à  communiquer aux pilotes et membres d équipage de notre escadrille les paramétres au sol …., pression atmosphérique , vitesse , et orientation du vent  avec une attention particuliére sur les mouvements de bateaux et embarcations   dans  la zone d’amerrissage
Ce jour , plein ciel bleu , faible brise …,Au loin le massif  et les agglomérations toutes blanches de Menzel Djemil ,les contours de la montagne d’Ischkeul  noyés dans la brume …     
  Rien ne pouvait annoncer le drame    …j’étais alors plongé dans la lecture de cartes maritimes et  le déchiffrage des points essentiels de la  région lorsque j  eus la bonne idée de me retourner ….L’avion, huit hommes d’équipage ,lourd hydravion  de  20  tonnes en approche finale  peut être 300 pieds d’altitude , en  dernier virage se cabra , partit dans une vrille impressionnante avant de s’écraser sur le plan d’eau dans une énorme gerbe d’écume  Stupeur et émotion ….
Surgissant au local Operations je déclenchais  l’alarme devant une assemblée de bureaucrates absorbés dans leur tâche  administrative et détachée des événements qui pouvaient se dérouler  sur ce calme  plan d’eau généralement fréquenté par les pêcheurs tunisiens des villages bordant les rives du lac
 La vedette de sauvetage toujours sur le qui vive  s’elança alors  en direction de l’emplacement très  approximatif du crash et située à  une distance de plusieurs mille nautiques Le plan  d’eau était alors parfaitement calme ….      Le doute m’envahit …Quelques  minutes angoissantes causées par l’incertitude ou le sentiment de m’être trompé , N’avais je pas été victime d’une  hallucination ?Mais non après quelques minutes interminables j’observais  à la jumelle  plusieurs morceaux métalliques remontant à la surface 4 ou 5 mille nautiques au large Un soulagement de ne pas m être trompé  ,non ! mais aussi  le sentiment de ne pas avoir rêvé !







Très vite sur les lieux la vedette  récupére finalement un blessé grave soutenu par son gilet de sauvetage Pas de traces des autres membres de   l’équipage …
Comme je m’y attendais principal témoin ! je suis désigné pour les recherches …
Les scaphandriers avec ténacité commencent à explorer le fond du lac  à partir des indications approximatives que je leur transmets
Sept membres d’équipage sont alors portés disparus …Trois jours de longues et patientes recherches et les débris de l épave renfermant les malheureuses  victimes sont enfin remontés dans un silence plein de respect et de tristesse


L a cérémonie organisée dans un hangar de l’escadrille soulignera l’am
itié , la solidarité , qui unissaient les différents membres de l’escadrille dont les noms seront gravés sur la pierre du monument qui surplombe   la baie d’Hyeres

Une escapade  sur Dornier 24 Destination le lac  d’el mellah
53 S 7     26 Novembre  1953    Le lac El Mellah    Algérie     

Tabarka et ses fonds transparents  sur notre gauche  ..ensuite un lac dont les eaux vertes brillent au soleil …c’ est le lac ou plutôt la lagune côtiére d el Melah en Algérie à une heure et demi de vol à l’ouest de Karouba Notre hydravion un Dornier le 53 S 7 glisse sur l eau du  lac …un  vrai miroir ,point privilégié    des  milliers   de canards sauvages ont trouvé un refuge  de qualité et  s ébattent en toute tranquillité attisant le regard de quelques passagers de notre hydravion  qui regrettent amérement d’ avoir oublié leur fusil de chasse ..
 Un village sur la rive…La profondeur est limitée ,mais nous avons trouvé  l'endroit idéal pour amarrer notre avion dans un flot de verdure …ne parlons pas de notre mission considérée comme secréte!
Des enfants accourent et quelques  habitants surpris  se groupent sur le rivage
Notre équipage …Quelques noms me restent en mémoire ( voir photos )  Le pilote  OE Duret ,Abiven le radio ,les   mecaniciens Le Barbenchon et Lagacy  et quelques autres dont j ai oublié le nom …( le mécanicien le Barbenchon homme tranquille et plein  d expérience sera victime du crash du noroit avec   6 autres      membres    d’équipage )
Nous décidons de haler  notre hydravion aidé par quelques habitants et sans effort particulier nous jetons l’ancre à quelques métres de la rive  Tout a été prévu m^me le casse croute
 Etonnés de notre incursion dans leur vie de tous les jours ,les  habitants  de ce petit village algérien  nous observent avec surprise mais finalement je crois savoir  que n la base aéro de Karouba nous a conseillé ne pas rester dans les lieux pour des raisons de sécurité La  canards peuvent donc dormir tranquille …Nous quittons les lieux …..
Les photos devraient suivre Quelques unes  sont  malheureusement sous exposées ;

Décollage de la base de  Karouba dans une gerbe d’écume sur un Dornier …un dernier salut à Bizerte ,sa plage bordée de palmiers,et  sa medina . 

Une pensée pour Bourguiba chevauchant en juin 55 un fringant cheval noir    et franchissant  au galop les remparts de la ville comme tous les grands heros de l’histoire



    

53 S 7     26 Novembre  1953    Le lac El Mellah    Algérie     

Tabarka et ses fonds transparents  sur notre gauche  ..ensuite un lac dont les eaux vertes brillent au soleil …c’ est le lac ou plutôt la lagune côtiére d el Melah en Algérie à une heure et demi de vol à l’ouest de Karouba Notre hydravion un Dornier le 53 S 7 glisse sur l eau du  lac …un  vrai miroir ,point privilégié    des  milliers   de canards sauvages ont trouvé un refuge  de qualité et  s ébattent en toute tranquillité attisant le regard de quelques passagers de notre hydravion  qui regrettent amérement d’ avoir oublié leur fusil de chasse ..
 Un village sur la rive…La profondeur est limitée ,mais nous avons trouvé  l'endroit idéal pour amarrer notre avion dans un flot de verdure …ne parlons pas de notre mission considérée comme secréte!
Des enfants accourent et quelques  habitants surpris  se groupent sur le rivage
Notre équipage …Quelques noms me restent en mémoire ( voir photos )  Le pilote  OE Duret ,Abiven le radio ,les   mecaniciens Le Barbenchon et Lagacy  et quelques autres dont j ai oublié le nom …( le mécanicien le Barbenchon homme tranquille et plein  d expérience sera victime du crash du noroit avec   6 autres      membres    d’équipage )
Nous décidons de haler  notre hydravion aidé par quelques habitants et sans effort particulier nous jetons l’ancre à quelques métres de la rive  Tout a été prévu m^me le casse croute
 Etonnés de notre incursion dans leur vie de tous les jours ,les  habitants  de ce petit village algérien  nous observent avec surprise mais finalement je crois savoir  que n la base aéro de Karouba nous a conseillé ne pas rester dans les lieux pour des raisons de sécurité La  canards peuvent donc dormir tranquille …Nous quittons les lieux …..Les photos 

    

















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 C'est enfin  Constantine ,et le tumultueux fleuve du  Rummel , mais aussi Alger étalée à flanc de montagne ,dans la lumiére  .
Au nord de Tanger, les côtes d’Espagne et la ville forte de Tarifa ….et au loin ,à travers les brumes, le profil sévére du rocher de Gibraltar 


Destination Port Etienne  26 octobre 1955        Karouba  Port Lyautey   7 heures de vol Sunderland

Une fuite d'huile inattendue …..et c’est l’escale     à Port Lyautey sur l'Oued Sebou . Descente acrobatique dans un brouillard tenace  .
Les plans de l'hydravion sont terriblement glissants ,un faux mouvement... et c'est le plongeon dans l'oued ..
    
        
27 octobre 1955   Port  Lyautey                

Décollage de Port lyautey ,cap sur Port Etienne (aujourd’hui Nouâdhibou). Durée de vol 3 heures
Cap juby sur notre gauche noyé dans les sables du Rio de Oro...Une pensée pour
Mermoz chef de station à Cap juby  ,  privé de vol et peu enthousiaste à l'idée en 1930 de vivre loin du monde et de l'aventure de l'aéropostale
  " Ce petit poste était alors aussi isolé de toute vie qu'un ilot perdu en mer ...cette dune toujours à sa place ,ce fort espagnol... » écrira  Saint Exupery   En effet Il  passera plusieurs années dans ces lieux  avec pour mission le secours aux aviateurs perdus dans le désert
Le chef espagnol du Rif veut affirmer la preponderance de l’Espagne sur ce morceau de territoire  .Saint  Exupery  est désigne comme chef de place en octobre  1927
. C’est justement en 1928, en tant que chef d’escale de Cap Juby, que Saint-Exupéry passera  ses nuits à écrire « Courrier Sud ». Il rentre en France et présente son manuscrit  En 1929, Saint-Exupéry prend sa « plume » et écrit son premier roman, « Vol de Nuit », durant ses expéditions. Ses  romans connaîtront un immense succès dans le monde entier. A  l’issue de ces publications , il posera  sa combinaison de pilote pour un costume d’écrivain.
Mais sa mission à Cap juby c’est avant tout d’assurer un  rapprochement avec les autorités espagnoles au mieux des intérêts  de la compagnie
 La securite des postes du desert s’installera alors  tranquillement dans une austérité monacale dans ce petit poste où la solitude  est propice à la reflexion et à l’ecriture 
Saint Exupery conserve l’esprit du pionnier     …mais beneficie de l’experience des epreuves traversées lors des années passées à découvrir le monde 

Le phare Coppoloni et le cap Cansado sont en vue. Un appel de la tour de controle et notre hydravion se  pose  par un  vent de sable aveuglant  ,trainant un long sillage  d'écume   ,sur le  plan d'eau de Port Etienne battu par les alizés soufflant dans   la baie du Lévrier  

 27 octobre    Escale à Port Etienne  

 Un groupe de boscos de la marine nationale  s'agite en tous sens et nous indique l'emplacement de la  bouée d'amarrage . Hydroplanage ,  approche prudente  ,la bouée est prise sans coup férir ,par un membre de l'équipage muni d'une longue gaffe.   Exercice de routine pour un équipage entrainé. 

Notre chaloupe accoste au vétuste appontement de bois , secoué par le ressac., planté au bord d'une longue gréve blanche où des barques délabrées et de vieux chalutiers achévent de disparaitre,noyés par   une longue  coulée de sable 
A chaque  décollage je me poserai cette éternelle question..Pourquoi ces bateaux en plein délabrement sont ils venus mourir si  loin de leur port d'attache ?

Une  vedette de la marine accoste pour les pleins de carburant... visite aprés vol ...vérifications diverses par l'équipage  ..Parés pour un prochain décollage . ; ; ;
Au loin la blancheur des maisons de forme semi sphériques se détache sur la teinte unie des  dunes. Elles semblent construites sur le trajet du vent , qui balaie la baie  avant de traverser le village .Deux miradors , plusieurs "demi tonneaux"    de type  Nyssen...C'est  la base marine ... 


L'eau potable est trés rare sur cette terre isolée et le pastis du bar remporte un franc succés .   Des   toiles de  parachutes  tendues au plafond apportent une sensation de confort .Visage impénétrable , les maures  de l'escale nous observent en silence
Des  hamacs abandonnés depuis de longues semaines au sable du désert nous tendent  les bras .  Le sable est partout ...Les mouches s'accumulent en grappes sur les cordons de notre lit de fortune et s'envolent dans un lourd bourdonnement

19 Juillet   En route pour l'Aguerra


Pour n'être pas nés  dans ce désert on peut toujours s'y adapter … aussi décidons nous malgré un  brûlant vent de sable  d'aller rendre visite aux phoques de Mauritanie en gardant à l'esprit  que les multiples facettes du désert sont toutes hostiles à l'homme non aguerri .
Départ en camion  4 x 4 dés l'aube  Long périple qui nous conduit au sommet d'une falaise surplombant la baie





Des phoques Moine  installés dans ces eaux depuis des générations . .et  guidés par les courants froids  ont découvert ,miracle de la nature  les eaux les plus poissonneuses du monde
Au retour photo devant le fort espagnol en présence d’une sentinelle espagnole très discréte
Un groupe de nomades  enturbanné de cotonnades indigo nous invite sous la tente ,pour un thé fort et sucré Le premier verre est pour l'hôte d'honneur .Préséance  de rigueur  Le traçé de la frontiére entre la Mauritanie et le Rio de Oro date du début du XXeme siecle , alors que la Mauritanie est française et le Sahara occidental, espagnol. Le 27 juin 1900 , la France et l'Espagne signent le traité de Paris qui définit la frontière entre le Río de Oro (espagnol) et la Mauritanie (française)[1]. Le 4 octobre1904, la convention de Paris fixe les frontières du Saguia el-amra et de Cap Juby

  
                                              La sentinelle espagnole souhaite poser pour la photo..

Après le départ des Espagnols en 1975-1976 suite aux accords de Madrid  le Maroc et la Mauritanie se partagent le Sahara occidental, mais un mouvement indépendantiste sahraoui, le Front Polisario, armé principalement par l'Algérie  et la Libye, s'oppose à cette annexion.


22 juillet    ordre de mission   .Exercice de navigation  
En embarquant sur notre vaisseau il nous faut surtout pallier aux dégâts causés par les mouettes ….
Un ordre de mission nous parvient  du ministére de la marine ...identifier l'emplacement futur de la capitale de la Mauritanie... Nouakshott
Le navigateur note les coordonnées du lieu et nous décollons du plan d'eau dans un nuage d'écume  et d'embruns Le soleil s'obscurcit ,un mur de sable barre complétement l'horizon .Au ras du sol les filets de sable et les tourbillons poursuivent leur course saccadée .Un voyageur égaré , dont les traces , fragiles témoins de son passage ,aurait grand mal à s'orienter 
Vertical Nouakshott !annonce notre navigateur trés affairé  Pas un arbre,  pas de campement ...Une immensité de sable  Le navigateur a du se tromper . Mais non une oasis véritable ilot de verdure se dessine ...quelques tentes... un troupeau de dromadaires... .Nous avons identifié l’emplacement de  la future capitale de la Mauritanie

La Mauritanie ( futur etat independant en 1960 alors qu’elle avait été  rattachée à l’Afrique Occidentale française depuis 1920 Elle gagnera sa place sur l’échiquier international avec l’entrée à l’organisation des nations unies en 1960 et sa reconnaissance par le Maroc en 1969  )

 28  Juillet


Ramassage de coquillages et de moules aprés le vol de nuit  Une immense marée mouvante et brunâtre ..des milliers de crabes brandissant  comme un rempart vers le ciel  leur unique  pince blanche   détalent sur la plage dés notre arrivée et disparaissent dans leurs trous   Des pélicans , des mouettes, des flamands roses,des cormorans dont le décollage lourd  et laborieux  nous remplit de joie    
Plusieurs membres de l'équipage s'adonnent à leur passion favorite   ,la pêche…barracudas , requins ,raies ,murénes agrippées aux rochers , peuplent les eaux  de ce port  du bout du monde mais  la vision de ces bateaux abandonnés ne donne t elle pas l'impression  de décevoir ces hommes qui ont tant espéré ,en voulant  profiter trop rapidement des richesses de ces contrées désertiques où le temps semble s’être arrêté 

29 juillet


.En avant pour l'Aguerra  village  situé juste à la frontiére du Rio de Oro  et de la Mauritanie .Ce territoire est  sous domination espagnole Une garnison d'une quinzaine d'hommes a établi son campement dans les murs de ce fortin  . Le village se protége du vent de sable par de rares barriéres de végétation arrachées au désert ,.le sable succéde au sable et la végétation semble capituler  Au retour notre 4x4 s'enlise dans un monticule de sable …. le crabotage et l’ardeur des passagers nous aident  à sortir  péniblement de notre situation  . .
Des phoques Moine  installés dans ces eaux depuis des générations . .et  guidés par les courants froids  ont découvert ,miracle de la nature  les eaux les plus poissonneuses du monde
Au retour photo devant le fort espagnol en présence d’une sentinelle espagnole très discréte


Un groupe de nomades  enturbanné de cotonnades indigo nous invite sous la tente ,pour un thé fort et sucré Le premer verre est pour l'hôte d'honneur .Préséance  de rigueur 


30 juillet 

Parés pour l'hydroplanage . Un chalutier canarien nous observe avec curiosité et s'approche imprudemment à quelques encablures . Un violente rafale de vent et son mât heurte et s’accroche dans  la derive de notre  hydravion   Le bateau chavire... trois hommes   se débattent au milieu des vagues . Je leur jette une bouée .Ils s'y accrochent désespérement . Le bateau disparait dans les eaux  agitées de la baie.  Vol annulé
Le soir nos pêcheurs reconnaissants nous apportent un énorme turbot que nous destinons d'emblée au cuisinier de la base
Reprise des vols  Dans le lointain un attroupement sur la plage …des pêcheurs imraguens sans aucun doute
Les pêcheurs Imraguens farouchement attachés à leur mode de vie ont acquis une image de légende exercant leurs activités autour du Cap Timiris et du banc d’Arguin. Les bateaux utilisés dans la zone du banc sont des vieilles embarcations à voile de type canarien dont le nombre ne cesse de décroître.  avec le temps …Postés sur la plage les pêcheurs  attendent patiemment l’intervention des  dauphins s’ébattant au large et qui ont pour rôle  de  rabattre le poisson vers leurs propres filets

Survol du Cap Blanc, promontoire rocheux et désolé sur fond de brume Plus désolé ,.plus stérile encore que le reste de la côte ....Plein sud   rien.. d'autre à faire .L'eau d'un vert profond s'éclairçit  lors de la présence d'un banc de sable qui effleure la surface de l'eau C'est en effet le fameux banc d'Arguin, un immense banc immergé ,une plate forme sous marine située bien au large constamment recouverte d'eau... Une immensité d'eau de  faible profondeur cachant comme on le sait … un  gigantesque  piége aux marins non informés ..le banc de sable 
Pas le moindre buisson sur la côte sablonneuse ,pas le moindre relief ou rocher que l'homme est en droit d'attendre du plus aride  des paysages ..et pourtant c'est le plus surprenant  refuge d'oiseaux marins de la planète ....
Parlons de ce  fort d’Arguin …disparu dans les dunes
.
. Il faudra  attendre le  15è siècle pour que ce fort Arguin ,premier fort européen entre dans l'histoire avec l'arrivée des caravelles Portugaises, chargées d’aventuriers , , pillant  quelques pauvres campements dans le but de  " razzier " des esclaves.  Bientôt les envahisseurs vont s'installer à demeure et bâtir une maison de pierre ,véritable forteresse et pratiquant   , au nom du roi qui en a le monopole, un commerce  d’ esclaves,   contre tissus, vêtements, marmites, outils et armes.
  Dans ce désert ,Arguin est la seule à posséder une réserve  d'eau douce, …obtenue  à partir  d’un  puits  ouvert sur ce plateau dénudé ,battu par le vent . Privilége qui permettra     la permanence d'une présence humaine dans l'ile , expliquant ainsi  en partie  toute l'histoire de ceux qui ont pu vivre sous ce climat
 Si le fort d'Arguin n'est qu'un obscur souvenir du passé en Mauritanie, l'esclavage,  situation d’asservissement transmise de génération en génération  lui, ne l'est pas encore. Même si la République islamique de Mauritanie, devenue indépendante en 1960,  a finalement et légalement aboli  en 1981    l’état d’asservissement de ces peuples  ,cette situation   reste  un motif  de discorde politique en attente de mesures concrétes

 Jusqu’à nos jours , on a vu s'y déployer … aprés le pavillon  portugais, le pavillon  hollandais, puis les couleurs brandebourgeoises et françaises. Les derniers colonisateurs en sont partis en 1969, mais les murs et les tours détruites du fort aprés divers affrontements , resistent endormies dans les dunes ,  …   
Aussi avons nous la plus grande difficulté à distinguer parmi ces ruines , ces amoncellements de sable et de rochers ,la présence réelle d’un fort ayant résisté au temps …
Jean-Baptiste DUCASSE : marin français (né à Saubusse, près de Dax, 2 août 1646 - en France, 25 juin 1715)Pour le compte de la Compagnie du Sénégal dont il était l'un des directeurs, il  fit plusieurs voyages en Afrique (1677-80), se signalant notamment par la prise du fort d'Arguin sur les Hollandais
.
 J’ai survolé la Mauritanie ,ses plages désertes , ses dunes majestueuses, ses massifs rocheux  pendant prés de trois années …Il m’était donc difficile de rester indifférent à la tragédie cette  frégate disparue …..la  Méduse    J ’ai donc eu recours à un carnet de notes jauni par le temps et oublié dans le fond d’un tiroir …

 L'écran radar fourmille d'une multitude de points brillants.. image PPI ;;;  ce sont des flottilles de chalutiers canariens et des bancs de poissons.. masses compactes et phosphorescentes   qui se déplacent à fleur d'eau  prés de la surface  .... au milieu d’un « retour de mer »qui noie véritablement l’écran
Je reste frappé par la mouvance infinie des dunes... dont les teintes varient avec l’heure de la journée et devenant rouges avec la déclinaison du  soleil  à l'horizon

Nous tentons quelques approches radar ne serait ce que pour identifier le point d’un naufrage célébre ,celui de la Meduse mais rien ce jour  ,ne dissipera la part de mystere qui enveloppe cette disparition   Face a cette terre aride la  frégate  s'est choisie la plus austere  des tombes ,un immense plateau  à fleur d'eau ,vaste banc de sable ….qui émerge à marée basse ... quelque part au sud du cap blanc par le travers de l'ile Tidra 

Survolant ce désert où toute vegetation a laissé place au sable, il  semble    aisé sous ce ciel limpide , coiffant les bancs d'Arguin , d'évoquer la tragédie de ce bateau disparu 
Le privilége de survoler cette région et de découvrir sous un ciel limpide les bancs d’Arguin  ,incite inévitablement à vouloir évoquer et comprendre les causes de ce drame

Le roi Charles X envoya en mission une  frégate commandée par  Duroy de Chaumarey …   pour y créer le comptoir du Sénégal alors que  l’Angleterre venait de   rendre à la France ce territoire Son but .. transporter le nouveau gouverneur et tout le personnel nécessaire au fonctionnement du comptoir ….
La Méduse ne part pas seule dans cette expédition, elle est accompagnée de trois autres bâtiments, la corvette l'Echo, le brick l'Argus et la flûte la Loire, 
Le 02 juillet 1816, la frégate "la Méduse", qui utilisait des cartes de 1753, dont les erreurs pouvaient atteindre, hélas, une centaine de km, venait s'échouer dans quatre à cinq mètres d'eau, à 50 km de la côte et, pour comble de malchance à marée haute.On devine la suite, c'est la panique et  l'évacuation de l'épave sous un brûlant soleil et dans le plus complet désordre; l'embarquement de 146 hommes (et une femme) sur un affreux radeau hâtivement construit ,à demi immergé  et à bord duquel il n'y a ni vivres ni eau douce.

C'est alors  la fuite du gouverneur Schmaltz et du commandant de la frégate, Duroy de Chaumareys,et  l'odyssée désespérée de ces  naufragés débarqués sur une plage et regagnant Saint Louis du Senegal   à pied, dans le sable..à la merci des tribus maures
.

. Des 145 passagers qui avaient pris place sur le  radeau  ,15 seront recueillis mourants par un  brick  "l'Argus " 12 jours aprés l'échouage de la frégate 

La toile géante de Géricault (4,90 m x 7,15 m)  exposée au Louvre va faire du radeau de la Méduse un thème si populaire et si célèbre, qu'elle attirera les critiques les plus sévéres d’un public sensibilisé par les circonstances de cette affreuse tragédie Le capitaine Duroy de Chaumarais  est pris pour cible mais aussi l’artiste à qui l’on reproche cette reproduction trop réaliste de l ‘événement
 Par la suite  la tragédie sera interprêtée  sous forme d’un opera  en 4 actes, en 1839,
Le survol quotidien de ces régions désertiques  en 1956 , dans le cadre d’une mission de navigation m’incitera une fois encore  à me poser la question  ..mais ou est donc disparue l’épave de la Meduse … ?

Enfin découverte de l’épave …..

La réponse je la trouverai  50 années plus tard ….lors de la lecture de l’ouvrage d un remarquable explorateur des fonds marins  jean yves Blot Découverte de l’épave en 1980 .
 j’en  résume donc les points essentiels 

Une première expédition sous le nom de Roussin –Givry avait atteint la côte d’Afrique en  1817 «  deux hommes escaladent le promontoire pour y planter au sommet le drapeau blanc à fleur de lys 
Le 4 avril l’expédition  signale  un « un objet remarquable «   au sud    .C’est sans    aucun doute ,l’épave recherchée ….la méduse couchée sur le flanc babord à une position éloignée de celle donnée par de Chaumarey 
 Roussin signale alors les grossières erreurs des cartes  et la présence d’un plateau de sable et des profondeurs s échelonnent de 8  à 50 brasses imposant un sondage permanent  Il insiste sur l’etat exceptionnel du navire .  Une campagne de récupération permettrait de récupérer de nombreux objets , câbles , canons  boulets etc …  et…… 90000francs en or contenus dans 5 barils
Un mauvais coup du sort ..quelques mois plus tard , la frégate est démantelée par les coups de vent   La présence des requins interdit toute plongée et les cartes s’obstineront à mentionner pendant plusieurs décennies «  débris de la méduse «  ou «  wreck   of the méduse »

En 1937 alors que le site est inviolé depuis plus d’un siècle la campagne permet d’améliorer la carte établie par l’expedition précédente  Aucune trace de la méduse …

Une seconde campagne en 1961  1963   permet de compléter les connaissances du banc d’Arguin …  mais pas de trace de l’épave 

Dix ans plus tard ,nouvelle déception …

En jaune clair on distingue l’étendue de banr la navigation au large de la Mauritanie bancs de sable constituant une zone de faible profondeur , un danger permanent  pour la navigation



Toutefois l’intérêt et la curiosité persistent  grâce à un homme qui se passionne depuis de longues années pour la frégate disparue   , le professeur Théodore Monod dont les travaux lui valent une renommée mondiale dans la connaissance du grand désert saharien 
La solution définitive  va finalement resulter de sa rencontre avec  un jeune archeologue plein d’énergie et  d’enthousiasme  Jean –Yves Blot
Je fais reference à son ouvrage «  Chronique d’un naufrage ordinaire «  publié en  1980
Dans le cadre des moyens de recherches,  l’exploration aérienne , le sonar ,le sondeur à sediments , le scanner à infra rouges  apparaissent d’emblée inutilisables
Reste le magnetometre à protons mis au point pendant   la seconde guerre mondiale lors de la recherche d’un moyen de détection des sous marins en plongée et qui devrait permettre de déceler les parties métalliques issues de l’épave et réparties sur une centaine de metres carrés
Note
Les magnétomètres peuvent être des compléments aux détecteurs de métaux classiques. Ils sont en mesure  de détecter des métaux ferreux à grande profondeur (ou sous l'eau, pour les épaves) en analysant les variations locales du champ magnétique terrestre....
Dans le cas présent un objet remorqué mesurera à chaque instant le champ magnetique de la zone  qu’il traverse  La zone à prospecter est soigneusement quadrillée et toute masse métallique rencontrée par l’objet va produire une modification du champ magnetique terrestre déclenchant alors un systeme d’alarme 

La chance sourit à l’expedition  , une anomalie magnetique de 1000 gammas est repéree puis confirmée   Deux plongeurs confirment la présence d’une épave et revenus  la surface annoncent la présence sur le fond de canons de fer et de clous de cuivre  L’enthousiame est grand …. ce ne peut être que la Méduse

Jean yves Blot plonge à son tour dans une eau opaque et glauque La visibilité ne dépasse pas 1 mètre 50 et la profondeur est  limitée à 5 ou 6 metres   « Quelques herbes épaisses poussent ça et là ….  une épave ancienne surgit…. rongée par plus d’un siècle de séjour sous marin   Des poissons hantent le fond …..  une tige de fer , un canon enrobé dans une épaisse gangue de calcaire  puis un autre ,des feuilles de plomb , des chevilles de cuivre   « 

A la mi janvier , l’exploration se disloque .Une identification plus approfondie  permet de dire qu’il s’agit bien de la Méduse   Mais la solution de cette énigme entraine une interrogation    Que  sont devenus les fameux barils de pieces de monnaie ?

L’une des expéditions précédentes s’est elle approprié ces pieces d’or ….en toute discrétion
Une autre hypothèse  inattendue …. les barils n’auraient pas quitté le royaume   le commandant du bateau  aurait mis en lieu sûr les 90000 francs avant le départ     Le mystère reste donc entier 



En conclusion quelle que soit la verité ,c’est l’horreur du drame  du radeau mis en évidence par la réaction de l’opinion publique devant le tableau de Gericault   qui retiendra l’attention .La rencontre du drame et d’une œuvre exceptionnelle
exaltant et fixant  l’image de ces hommes désespérés  n’a pu  laisser indifférents les amateurs de sensations fortes 

  jean yves Blot auteur de l’ouvrage aime rappeler …. «  Sans le radeau …la disparition de cette frégate n’aurait été qu’un simple fait divers »



























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